Cela fait maintenant 15ans environ que je surveilles mon poids de près. Autrement dit, j'ai passé la plus de la moitié (les 5 huitièmes) de ma vie à faire des régimes, à surveiller ce que je mange, à me forcer à faire du sport...

(je ne sais même pas ce que serait ma vie si du jour au lendemain je pouvais manger tout et n'importe quoi sans prendre un gramme)

(je me rassure en me disant que ça n'arrivera jamais)

(même si c'est pas très rassurant.)

Donc en fait, depuis mes 9 ans, à peu près, je fais attention. Enfin, quand j'étais plus jeune, je m'en fichais un peu, mais vers 14ans (c'est là que j'ai fait weight watcher) j'ai perdu 15 kilos et c'était cool. Mais j'en ai repris la moitié, car je n'avais pas compris de quoi mon corps avait réellement besoin (je me contentais de calculer mes points et basta). Donc en fait, j'ai eu mon premier chéri à 16 ans, et là, je n'ai pas vraiment su gérer mon poids parce que je découvrais les joies des Macdo en amoureux, des pizzas coupées à l'Opinel dans une 205, etc etc...

De là, j'ai vraiment commencé à chercher de quoi mon corps avait besoin, et j'ai su trouver un équilibre puisque je suis longtemps restée au même poids. Du coup, on peut dire que ça fait environ 7 ans que je sais TOUT de la diététique. C'est limite si j'en sais pas plus que les dieteticiennes elles-même! (j'en ai vu 4, 4 sons de cloches, 4 cloches tout court)

En première année de médecine (non, je ne suis pas médecin... je suis infirmière de machines médicales...), j'ai appris sur la physiologie, sur l'anatomie (3/20 en anat', mais aussi, les questions étaient super dures), sur la biologie...

Je sais presque exactement comment fonctionne le cycle de l'ATP, comment on fabrique l'acide lactique, comment on fait pour faire fonctionner son cycle aérobie (celui qui pioche dans les graisses et non les sucres), je sais qu'il faut 55% de glucides, 30% de protéines, 15% de lipides pour avoir une alimentation équilibrée (le fameux 55/30/15 GPL). Je sais quels sont les acides aminés essentiels, où les trouver, idem pour les vitamines et minéraux... Je sais comment fonctionne la glycémie, (pourquoi le sucre appelle le sucre et pourquoi la faim fait stocker), le principe du diabète, je connais les différences molléculaires et fonctionnelles des différents sucres. Je sais pourquoi le surpoids peut-être hormonal, notamment thyroïdien. Je sais pourquoi c'est pas bien de craquer ses doigts, et pourquoi on a mal aux articulations quand on court, et pourquoi il ne faut pas se les abîmer car la réparation est très lente. Je connais les différences entre l'effort explosif et l'effort d'endurance, je connais le type de fibres musculaires qui constituent les muscles impliqués. Je sais pourquoi on attrape des hemorroïdes quand on ne bouge pas assez, je sais comment on attrape des varices, des anévrismes. Je sais pourquoi les obèses font plus d'infarctus et d'embollies et même pourquoi les cadavres sont tout raides (mais aucun interêt).

En partant de là, j'ai essayé d'appliquer l'applicable à ma vie, et j'ai trouvé mes filons.

Je suis fière parce qu'à 24 ans, je connais presque parfaitement mon corps, sa façon de communiquer et de répondre à ce que je lui fais subir. Je sais que je deviendrais pas un boudin après mon premier enfant, par exemple ("tu l'es déjà" Je t'ai entendu !!!)

"Si tu savais tout, tu ne serais plus embetée par des problèmes de poids"

En fait, il y a une chose (essentielle) que je ne sais pas : la psychologie. Mes connaissances sont empiriques. Je sais à peu près comment faire pour garder ma motivation. Le truc c'est que dès qu'elle commence à baisser, j'oublie tout. Nan, je sais très bien comment me remotiver, mais tout le monde l'a déjà vécu, quand on n'a pas envie, "d'façon, c'est de la merde, j'y arriverai jamais, ça fait chier" et blablabla. Donc je résumerais mon problème aujourd'hui, à un problème d'ordre psychologique. Sans oublier qu'il y a aussi le passé qui entre en jeu, et la question de "pourquoi ce rapport à la nourriture?"...

Voilà pourquoi quand on me dit "tu devrais faire ça", j'ai un peu de mal à l'accepter. Parce que je me la pète de tout savoir et de me connaître... Quand je reçois des commentaires du type "tu devrais essayer ça" ou que mon chéri me dit "il ne faut pas manger ça", ça a du mal à passer car je suis convaincue d'avoir raison, et aussi parce que j'ai déjà à peu près tout essayé. (J'ai fait de la piscine intensive, du vélo intensive, du jogging intensif, des régimes de tout genre, des mix, des extrèmes...je n'ai pas essayé Dukan ni les sports de combat, ça j'avoue)

(15 ans, ça passe vite, mais quand même !)

 Quand les gens se demandent si c'est bien de ne pas manger le soir, ou qu'ils n'arrivent pas à calculer comment gérer toutes les "obligations" d'un régime dans leur vie, j'ai du mal à me mettre à leur place et à comprendre qu'on n'a pas tous grandi comme ça.

Et voilà pourquoi je peux paraître complètement égocentrique, hermétique aux conseils des autres, et sûre de moi...alors qu'en fait, ce n'est pas vraiment le cas. (enfin je ne crois pas, et je n'espère pas...)

La perte de poids est la consèquence d'une grosse remise en question, mais est-ce que c'est valable quand ça fait plus de la moitié de sa vie qu'on se remet en question ?